"POESIES
en vers libres, presque de terre.
Par accident, en vers réguliers. "
Peupliers en été
Douces plumes qui luisez,
En agitant lentement
Vos feuilles ébouriffées
Dans la paisible clarté
Du pâle azur affectueux,
J'aime bien vous regarder,
Clignant à demi des yeux,
Et, couchée dans l'herbe drue,
Vous contemplez à l'envers,
Tandis que les cris aigus
D'un petit moineau qui vole
Près de vous
Tintent dans l'espace bleu.
Démolition de la foire sous la pluie
Il fait gris et il pleut
La nuit tombe en m'apportant une vague mélancolie
Parce que j'ai passé une journée très morne.
Par ma fenêtre, je regarde
La fin du jour.
(Déjà ma chambre est obscure)
On démolit la foire; un marteau monotone
Résonne faiblement.
Sous le métro qui passe, vaguement éclairé
Plein de silhouettes noires,
Je ne vois pas d'objet qui ait une vraie couleur;
Aucun bruit
Net et brusque
Ne vient me faire sursauter.
Tout est gris sale et triste.
Les peintures fanées qui ornaient les boutiques
Derrière une rangée de lampes allumées
Font de la peine
Maintenant qu'elles sont empilées sur le sol
Froides de la pluies qui les pénètre.
Le cirque est démonté - La tente, vieux lambeau
Verdâtre et rapiécé,
Est entassée dans un chariot;
Il reste la piste centrale,
Sable collé de pluie sur les pavés humides.
Des hommes évoluent,
Transportant des vieilles planches
Parmi la paille trempée
Qui traine partout...
On a allumé les réverbères,
Et des flaques brillantes sont apparues
Noircissant tout le reste.
Il me tarde que tous ces gens qui piétinent
Dans l'eau et la boue,
Rentrent dans leurs maisons
Pour se brûler avec leur soupe.
Demain je bénierai les rayons du soleil.
Considérations
Il y a des étoiles
Qui sont si loin
Si loin de nous,
Que nous ne pouvons pas les voir.
(Même avec une lunette énorme)
Et elles sont très grosses,
Cent mille fois plus grosses
Que la plus grosse.
Et la plus grosse, nous ne la voyons déjà
Presque pas,
(Même avec une lunette énorme),
Tant elle est loin, loin, loin...
Tant pis....
J'aime mieux la lune blonde,
Et sa bonne tache ronde,
Qui met un peu de clarté
Dans le grand ciel bleu foncé.
*
* *
Il y a des insectes
Cent cinquante mille fois plus petits
Qu'une puce.
Et ils ont des yeux à facettes !!!....
Tant pis........
J'aime mieux la coccinelle,
Qui replie sa petite aile
Sous son élytre astiquée,
Rouge et de pois noirs semée.
Coup de vent
J'écris à ma table , et soudain
Mes volets battent en tous sens.
Le vent souffle sous ma prte
Et ma fenêtre mal fermée
S'ouvre toute grande
En frappant le murà droite et à gauche
Cent feuilles jaunes et vertes
Volent dans ma chambre,
Tournoient un peu,
Et tombent.
En rattanchant mes contrevents
Je vois Balbine ,
Toute effarée,
Dans sa voiture couverte
De feuilles vertes et jaunes
Tous les volets battent dans la maison,
Mille feuilles tombent dans le jardin.
En auto, l'automne
Un pissenlit,
Deux pissenlits,
Des troncs d'arbres, des troncs d'arbres,
Cinq pissenlits
Dix pissenlits
Des troncs d'arbres blancs et gris.
Trois champs verts
Et quatre bis
Vingt trons d'arbres blancs et gris.
Un joli petit sous-bois
Fines, fines branches noires,
Un joli petit sous-bois
Larges feuilles jaunes d'oeuf
Feuilels rousses
Feuilles rouges
Hrebe verte et terre brune.
Une petite maison
Avec un tas de fumier.
Une vache et son berger,
Quelques poules noires.
Des peitits moutons pelés
Et qui trottent, et qui trottent.
Un champ vert
Et quatre roux...
Des troncs d'arbres blancs et gris
Et toujours des pissenlits.
Tout le long
Du cadran
De la TSF
Une dame bêle,
Un monsieur rugit;
Un orchestre gronde
Une symphonie;
Mais un autre rythme
Le fox d'aujourd'hui-
Et puis ça grésille,
Ca crie et ça frit.
Cette dame bêle
Bêlera toujours-
(Tous les centimètres
Je tombe dessus).
Elle a le coeur tendre,
Ne veut plus attendre,
Déverse des pleurs....
Quel affreux malheur!
Toute sa tendresse,
En pleine détresse,
S'exhale en soupirs
De se voir trahir.
Ah, Quelles alarmes,
Oh , voyez ces larmes !....
Pauvre, pauvre dame....
Une conférence
Sur les petits pois,
Et puis de la danse
Encore une fois.
La dame roucoule
Toujours dans son coin;
Puis c'est une foule
Qui hurle pour rien.
Et vive la quintonine,
La mort parfumée des poux.
Faites passer votre toux
Avec la Boldoflorine,
Quant aux pillules Carter
C'est contre le mal de mer.
La dame miaule
miaou, miaou
Le monsieur gronde
gravou, gravou
Et la friture
Fait cra-cra-cra....
Tournons le bouton
Ca suffit comme ça.
Dans les dunes des Landes
(Vieux Boucau)
Mon pied foule un sable pâle,
Ma main cueille des chardons
D'un bleu fin comme l'opale
Avec d'épineux boutons.
Ma tête est contre le ciel
Parsemé de nuages blancs
L'air est doux comme le miel
Le soleil est apaisant.
Quelques touffes de bruyères
Près de la forêt des pins.
Bien loin siffle un petit train.
Les embruns vaporisés
Volent au dessus des terres,
Et la mer sourit tout près.
Poème fait avec un "petit
dictionnaire des rimes
françaises"
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Machiavel
Mange du miel.
Le cul-de-jatte
Suce une datte.
Le grand Scipion
A des visions.
Bucéphale
Fait du scandale
Car il avale
Ses amygdalles
Et ses sandales
Dans sa timbale.
Ce sagouin
De marsouin
Avec son grouin
De babouin
Broute son foin
Dans un coin.
Quel tintouin !
La chenille
S'égosille
Dans sa coquille,
Et mordille
La camomille
De sa fille.
Repos
Ce crétin
de Crassus
crapuleux
craque
ses crocs
crasseux
sur son crâne
crevé,
en cravachant
ses crevettes
cruelles
à coups de cravate
cramoisie.
Puis il crache
des crapauds
criblés
de croûtons
au cri crispant du crin-crin.
j'aimerais bien faire le dessin, mais
c'est trop difficile.
Notes d'hiver
La terre est saupoudrée de sucre,
Les arbres fins et mauves
Moutonnent sous le soleil pâle.
Voici l'hiver.
L'hiver avec ss aboiements de chiens
Qui résonnent dans l'air vide et froid;
L'hiver avec ses flaques gelées,
Ses cheminées fumeuses,
Ses odeurs froides
Qui volent avec le vent :
Soupe, café, feux d'herbes, terre humide.
J'aime les maisons,
Leurs culeurs sont douces
Dans le paysage.
Avec leurs taches de sulfate
bleu-vert
Sur les murs où grimpent
Les squelettes noirs de vignes.
Au bord des routes, je vois :
Une petite maison
bleue azur
Sous son toit d'ardoises
Ses contrevents
Sont gris et délavés,
Sa porte vbancale,
Son jardinet planté de choux.
Maison rose, maison grise,
Volets verts, bruns,
Gris, bleus, rouges.
Même les panneaux-réclames
Ne m'indignent plus
Les couleurs de l'hiver
Sont si fines, si fines,
Que tutes les taches vives
Y sont ravissantes.
Une buse sur un arbre,
Douze vaches dans un pré,
Des limaces sur la route,
Des genêts dans le fossé.
Le vent pique,
Le soleil rend heureux.
Les montagnes se perdent dans une buée de beau temps.
Le comité des dames tricoteuses
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Tricoti.tricota
Ce sont les dames tricoteuses
C'est dimanche, elles vont à l'école, après les vêpres,
En noir, de la tête aux semelles,
Sur la pointe des pieds, deux par deux, trois par trois,
Leurs mentons festonnés enfouis dans la fourrure,
Et leur langue pointue tricotant à l'avance.
Tout en prenant le thé dans la salle de classe,
Elles dévident des mètres de chaussetttes,
Des litres de chandails,
Et de passes-montagnes,
Des hectares d'écharpes.
Les longues aiguilles cliquettent,
Les rondes pelotes roulent,
S'embrouillent,
Et font des noeuds
et des noeuds
et des noeuds.
Tricoti.tricota,
Adieu les dames tricoteuses,
Qui vont fricoter leur dîner.
Avec la neige
20 janvier
Tout
est blanc
et gris,
Tout
est blanc
et brun,
Tout
est blanc
et bleu.
Le vent zonzonne à mes oreilles,
Et j'ai les doigts de pied gelés.
Les arbres de la route grincent
Et les oiseaux font effriter
Les flocons blancs qui sont tassés
Le long des branches alourdies.
Il
fait froid
et doux.
Tout
est ra
vissant.
Je marche, je marche
et je cours,
En imprimant mes semelles
Dans la neige molle
Qui couvre la route.
Les grandes branches
brunes et blanches
Oscillent au-dessus de moi,
et me poudrent les cheveux.
Les grosses pierres
De la rivière
Ont sur la tête
Un beau coussin.
Toute cette blancheur me donne envie de rire.
Pied, Cloc et Tartine
(poème épique)
Blé, carotte et chocolat,
Avec des tabliers sales
Et de vieux souliers percés,
Clopinent
Pied, Cloc et Tartine.
Dans une grande forêt,
Les voilés tous trois entrés.
Ils sont tout petits et pleurent,
Effarés,
Cloc, Tartine et Pied.
Voici l'horrible sorcière
Qui mord, griffe et tord le cou;
Mon Dieu, mon Dieu, notre Père,
Protégez
Cloc, Tartine et Pied !
Courant, sautant, haletant,
Fuient à travers les fourrés
Poursuivis et talonnés
Les pauvres
Pied, Tartine et Cloc.
Ils courent toute la nuit,
Et la sorcière les suit,
Grinçant de ses dents pourries
Et pourléchant ses babines :
"Miam - miam - miam,
Pied, Cloc et Tartine !"
Mais, tout d'un coup, la sorcière
Frappe son front et se dit :
"J'ai laissé dans ma caverne
Ma marmite sur le feu,
Ma soupe a dû s'échapper !"
Alors elle se dépêche
De rentrer. Quelle étourdie !!..
Mais passons.
Assis sur un gros tronc d'arbre,
Tous les trois sèchent leurs larmes,
Essouflés.
Oh, comme ils se dodelinent,
Pied, Cloc et Tartine !..
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